Lire aux tout-petits peut paraître inutile pour certains tant qu’ils n’ont pas la parole, et pourtant les bénéfices de la lecture sont énormes à tout âge.
Il n’y a pas d’âge pour lire un livre à un bébé. Le plus important est de le faire avec plaisir. Car lire reste un acte de transmission, de partage, et s’il est fait de façon machinale, le bénéfice ne sera pas aussi grand que s’il est fait « en conscience ». Pas besoin d’être un grand narrateur, de lire de façon théâtrale et d’imiter chaque voix des personnages mais soyez dans la lecture présent dans le moment. Car le premier avantage de la lecture est le développement du lien entre celui qui raconte et celui qui écoute. Le partage oral est quelque chose de très prégnant dans de multiples traditions. C’était une façon de resserrer des liens dans des tribus, de célébrer des fêtes, de transmettre l’histoire. Même tout petit, l’enfant sera sensible à l’intonation de votre voix, à votre intention dans la lecture à vos émotions quand vous lirez, ses neurones miroirs se mettrons en route. Pour rappel, les neurones miroirs sont ces fameux neurones qui permettent à l’enfant de nous imiter, de se mettre à la place de l’autre. Donc lire va favoriser le lien mais également son apprentissage social. Lorsque vous lisez, vous observez votre enfant, sa réaction, il vous pose des questions parfois. Parfois, il est sur vos genou, c’est aussi parfois un rituel. Prendre le temps (même si ce n’est qu’un court moment) de lire une histoire, c’est passer un moment de qualité avec son enfant et donc renforcer le lien qui existe entre vous.
Vous conviendrez que pour pouvoir utiliser un mot, il faut l’avoir déjà entendu. Donc plus l’enfant aura été mis en contact avec du vocabulaire plus il sera à même de le réutiliser et de développer son langage. Les premiers mots apparaissent en général autour de 12 mois et vers 18 mois, il est souvent capable d’en prononcer environ une cinquantaine et en comprend bien sûr beaucoup plus.
Entendons-nous bien, ce n’est pas parce qu’il ne prononce pas ses premiers mots qu’il ne communique pas avec vous. Je pense que tout parent aura observé comment son enfant pointe du doigt l’objet de sa convoitise, et utilise des gestes pour se faire comprendre (repousser le biberon par exemple, tourner la tête pour ne plus manger, et même pleurer).
Donc oui, le langage prend du temps mais plus votre enfant aura été en contact avec du vocabulaire, plus il pourra l’utiliser. De même, plus il aura entendu et fait l’expérience de lectures autour des émotions, plus il sera à même de détecter en lui ce qu’il se passe dans ses débordements d’émotions. Évidemment cela ne résout pas tout, et son cerveau reste immature pour gérer ses déferlements d’émotions. Mais plus il aura d’outils en sa possession, plus il pourra les utiliser.
Vous l’aurez compris, plus votre enfant, aura été en contact avec les histoires, la musique, ou autre forme de culture, plus son cerveau enregistrera ces informations. Nous savons grâce aux neurosciences, que le cerveau retient ce à quoi il aura été le plus confronté.
Plus vous lui lirez des histoires, lui ferez découvrir des imagiers, des documents et vivre des expériences, plus il en tirera des bénéfices. Attention cependant à la surstimulation (surtout chez le tout petit, qui peut le fatiguer et perturber son sommeil). Mettre son enfant en contact avec des livres dès le plus jeune âge c’est donc lui faciliter l’accès à la culture.
Evidemment, les livres sont une porte ouverte vers le développement de l’imaginaire.
Combien de fois, vous êtes vous imaginés en lisant, vivre la même chose que le héros ou bien vous laisser partir vers les mêmes aventures dans des lieux inconnus ? Lire un livre à un enfant c’est donc lui ouvrir le champ des possibles, lui permettre de faire des projections, de faire travailler l’abstrait.
Le paragraphe suivant va intéresser tous ceux en quête de réponse sur la gestion des émotions.
Vous aurez remarqué dans les librairies, que certains livres sont rangés en fonction de certains thèmes. Et Oh surprise ! Certains de ces thèmes sont : la peur, la tristesse, la colère, la fratrie (la jalousie), la propreté, le doudou…
Ces thèmes ne sont pas anodins, les auteurs ont bien ressenti le besoin des parents d’en parler pour accompagner les enfants dans la gestion des émotions.
Lire un livre sur une émotion va permettre à l’enfant de poser des mots sur des situations vécues. Parfois cela va lui permettre tout simplement de la reconnaître. Certains livres sont même des mines d’or pour aider à solutionner des situations. En effet certains proposent des outils concrets pour aider les enfants. Ce genre de livre se retrouvent souvent après 18 mois.
Certains livres vont raconter une histoire où l’enfant va reconnaître une situation. La mise en scène et l’épilogue aide l’enfant à comprendre comment gérer certaines situations.
D’autres vont lui permettre de comprendre ce qui se passe dans son propre corps.
D’autres enfants vont aussi comprendre la différence entre les émotions et pouvoir travailler leur propre empathie.
Il existe pleins de façons d’accompagner son enfant dans la gestion des émotions. Mais le livre est un outil que vous pouvez utiliser avec lui et auquel il peut aussi avoir recours seul.
IL peut servir de médiateur entre l’adulte et l’enfant, ou même de support de conversation pour aborder le sujet sans culpabiliser l’enfant.
Il n’y a pas d’âge pour commencer la lecture.
Dernier petit conseil, si un enfant ne souhaite pas écouter l’histoire, ne le forcez pas, il se peut également que certaines histoires soient trop riches en émotions pour lui. Il reviendra vers cette histoire quand il sera prêt.
Voici plusieurs références dont certaines j’imagine ne vous serons pas inconnues.
Sur les émotions en général :
- La couleur des émotions, de Anna llenas, chez Glénat jeunesse
- Mon premier livre des émotions, de Stéphanie Couturier et Maurèen Poignonec, chez Gründ
- La petite bibliothèque des émotions, de Stéphanie couturier et Maurèen Poignonec, chez Gründ
- Les émotions de Gaston, de Aurélie Chien Chow Chine, chez Hachette enfants
Sur la colère :
- Grosse colère, de Mireille d’Allance, chez l’école des loisirs
- Le livre en colère, de Cedric Ramadier et Vincent Bourgeau, chez l’école des loisirs
- Nina en colère, de Christine Naumann-Villemin, chez l’école des loisirs
Sur la peur :
- Chhht, de Sally Grindley et Peter Utton, chez l’école de loisir
- Va-t’en, grand monstre vert !, de Ed Emberley, chez Kaleidoscope
- Ouvre-moi ta porte, de Michaël Escoffier et Matthieu Maudet, l’école des loisirs
- Délivrez-moi !, de Alex Sanders, chez Loulou et Cie
- Qui a peur du noir ? De Kakub Cenkl et Helena Harastova, chez Tourbillon
Ce ne sont que quelques exemples, il en existe bien d’autres. A vous de faire votre propre bibliothèque !