Un parent inquiet en permanence pour ses enfants ? qui les surveille tout le temps, par différents moyens existants, cela vous parle ? Peut-être est-ce de l’hyper-parentalité.
L’origine du terme hyper-parentalité
L’hyper-parentalité est un terme récent, tout juste une trentaine d’années, qui nous vient des États-Unis. Ce terme désigne un système d’éducation où les parents surveillent en permanence leurs enfants. L’attention est extrême. Elle devient de la surprotection.
Comment les parents arrivent-ils à cette surprotection ?
L’éducation des enfants a beaucoup évolué en partie grâce aux différentes recherches du siècle dernier sur les différents sujets qui touchent aux enfants et à la maternité. Prenons par exemple, la théorie de l’attachement qui s’est développée grâce aux recherches post seconde guerre mondiale. Toutes ces recherches ont et sont encore vulgarisés dans les ouvrages à destination des parents. Ces ouvrages sont vus par certains comme des recettes pour une bonne éducation des enfants, un idéal à atteindre.
De plus, le fonctionnement de la société a lui-même évolué. L’idée que le culte de la réussite passe par l’ascension sociale et financière s’est bien encrée chez de nombreuses familles. En découle l’idée que l’ascension sociale de l’enfant dépend également de la qualité de l’éducation qu’il reçoit. Les parents se mettent alors en tête de donner à l’enfant tout ce dont il a besoin et faire en sorte qu’il ne manque de rien. Cette pensée peut amener certains parents à surveiller de fait les faits et gestes de leurs enfants. Il en résulte cette surprotection.
Le profil de l’hyper-parent
Le profil type de l’hyper-parent est un parent (mère ou père) qui souhaite le meilleur pour son enfant. Il s’inquiète pour lui au quotidien quelque soit le sujet. Vous allez me dire que c’est la définition type du parent. Certes, mais ce qui différencie un hyper parent d’un autre parent c’est le niveau d’exigence autour du bonheur de l’enfant.
Ils craignent pour le futur de leur progéniture, ils sont très exigeants avec eux-mêmes quant au bonheur de leur enfant.
Ils n’aiment pas l’idée que leur enfant éprouve de la frustration, signe que leur enfant pourrait avoir un besoin insatisfait.
Il refuse l’idée même de s’inquiéter pour leurs enfants d’où l’idée de contrôler le quotidien. Le contrôle est synonyme de sécurité.
Les trois types d’hyper-parentalité
Dans son livre « hyper-parentalité, apprendre à lâcher prise pour le bien des parents et des enfants », Bruno Humbeek décrit trois types d’hyper-parents :
- Le parent hélicoptère
Il tourne constamment autour de l’enfant. Ce tournoiement est l’image de la surveillance non-stop de l’enfant. Cette surveillance n’est pas un manque de confiance mais une inquiétude démultipliée qu’il arrive quelque chose à son enfant. L’image que le monde extérieur est dangereux diffusée dans les médias apporte au parent l’excuse pour toutes les questions « où es-tu ? à quelle heure finis-tu ? Avec qui sors-tu ? Qu’y aura-t-il ? »
Les parents hélicoptères sont prêts à agir au moindre désagrément. Pour se faire aider dans cette surveillance, ils vont utiliser tous les outils à leur disposition y compris les téléphones portables.
Le parent hélicoptère s’assure principalement de la sécurité physique de l’enfant.
- Le parent drone
Le parent drone tournoie également autour de son enfant mais cette fois-ci on peut y voir l’intention de répondre au moindre besoin de l’enfant.
Si la surveillance est constance, le parent sera prêt pour anticiper les besoins de son enfant. L’idéal d’un enfant qui n’éprouve pas de frustration et qui devient un être épanoui va également passer par devancer les désirs de l’enfant.
- Le parent curling
L’image du curling est utilisée pour comparer l’éducation d’un enfant à l’accompagnement que le sportif fait pour finir par lâcher son palet sur la piste.
Ainsi, on comprend que le parent curling, va chercher à préparer le terrain éducatif de l’enfant afin que son parcours de vie ne soit jamais semé d’embuches jusqu’au moment où l’enfant aura son autonomie. On pourrait même dire que le parent va faire en sorte de guider l’enfant sur le chemin que lui aura tracer pour être sûr qu’il soit parfait pour lui, pour son avenir. Il va faire en sorte de contrôler son avenir. On peut mettre en avant toutes les décisions concernant l’avenir de l’enfant : l’établissement scolaire, le choix des activités extérieures...
Le point comment des ces trois types, est l’incertitude. En effet, ces trois profils tentent de contrôler l’incertitude qui plane au-dessus de leur enfant, l’incertitude à propos des dangers potentiels, sur l’avenir, sur leur enfant en lui-même.
Il n’est pas question de pointer du doigts le comportement de tel ou tel parent ou même de juger les parents. Tous ces comportements partent bien entendu d’un bon sentiment. Qui ne rêverait pas de garantir bonheur et sécurité à son enfant.
Cependant il existe de nombreuses dérives à ces comportements.
Les conséquences sur l’enfant
Comme tout type d’éducation, cette hyperprotection a bien entendu des conséquences :
- Baisse de la curiosité de l’enfant qui ne découvre plus par lui mais qui finit par apprendre ce qu’on lui dit d’apprendre
- Frein à l’autonomie de l’enfant qui va prendre l’habitude que l’adulte fasse les choses pour lui
- Naissance de certaines angoisses en miroir des angoisses même de ses parents
- Difficultés à trouver des solutions aux problèmes ou conflits puisque soit l’enfant n’y est pas confronté soit l’adulte les résout pour lui
- Réduction de la confiance en soi de l’enfant avec l’idée que si l’adulte fait à sa place, c’est pour répondre à l’incapacité de l’enfant
- Sans frustration, l’enfant peut devenir exigeant avec ses parents et passer pour un enfant-roi.
Il n’est pas question de jeter la pierre aux hyper-parent mais bien de mettre en lumière des comportements parfois non vus par les parents eux-mêmes. La contre productivité de leur choix d’éducation est souvent invisible pour les parents eux-mêmes car ils sont entrés dans un engrenage quotidien de la recherche du bien-être constant de leur enfant.
Les conséquences sur l’adulte
Comme bien souvent, la recherche de l’idéal s’accompagne de difficultés. Le parent parfait n’existe pas. Et il est illusoire de le croire. Cette exigence envers l’avenir de l’enfant est intimement liée avec l’exigence même du parent envers lui-même. La course permanente et l’énergie dépensée pour contrôler son propre chemin de vie et par la même le chemin de vie d’un enfant amène souvent à l’épuisement parental. De plus, nous avons vu que ce type d’éducation apporte déjà des conséquences sur l’enfant lui-même ce qui devient contre-productif pour le parent qui peut se retrouver avec des difficultés supplémentaires à gérer.
Le mot de la fin
Pour finir, être parent n’est pas facile. Nos peurs, nos doutes, nos inquiétudes sont légitimes. Devenir un super-parent est épuisant et peut parfois entraîner des conséquences auxquelles on ne s’attendait pas.
N’oublions pas que l’enfant a certes besoin de sécurité physique mais qu’il se construit également grâce à la sécurité affective.
Montrez-lui votre amour au quotidien. Les petits gestes du quotidien comptent dans sa construction et joue un rôle immense dans la construction de cet adulte en devenir. Accompagnez-le sur son chemin, montrez-lui comment se relever des chutes et vous lui apprendrez à être fort et à survivre aux embûches. Montrez-lui que le droit à l’erreur est réel et que ce n’est pas grave d’être imparfait tant qu’on fait de son mieux et qu’on apprécie les plaisirs de la vie. Montrez-lui de l’amour inconditionnel. Et surtout profitez ensemble des moments à partager.
Bref, trouvez la parentalité qui vous conviendra à tous sans pression inutile.
Pour aller plus loin:
« hyper-parentalité, apprendre à lâcher prise pour le bien des parents et des enfants », Bruno Humbeek